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  • Photo du rédacteurPascal Francois

No et Moi - de Delphine de Vigan - chronique d'Eugénie Ducher - Invitée du Blog


Eugénie Ducher - jeune auteure pour laquelle nous avons publié récemment une chronique de son dernier roman "Dans tes rêves" ( lire la chronique ) et une interview, est aujourd'hui l'invitée du Blog pour une chronique de sa dernière lecture - "No et Moi" de Delphine de Vigan.



Je tiens à démarrer cette chronique avec une confession.


Il y a une semaine à peine, j’étais encore pleine d’aprioris sur « No et moi » alors que je ne l’avais jamais tenu entre mes mains.


Allez savoir pourquoi, je le cataloguais dans les sections romantisme et jeune public... Du commercial donc.


Pourtant, ce n’est absolument pas le cas. Ce récit tout public est avant tout à caractère sociologique.


Il est également exceptionnel de par son écriture. Puis, si j’avais la tâche de lui attribuer un seul et unique genre ce serait bien plus complexe et atypique que ce que l’on trouve d’habitude en librairie, je le rangerais dans une sorte de rubrique intitulée : Hymne à l’ouverture d’esprit.


En effet, il a fallu que le week-end dernier, mon adolescente de fille profite d’une période de convalescence pour le poser sur ma table de chevet tel un message subliminal qui dirait « Lis-le et accepte ce que j’ai à te partager ».


Égocentré et paranoïaque comme point de départ me direz-vous ? Sans doute.


Mais très vite, je suis redescendue sur terre grâce aux premières lignes de ce roman hors du commun.

« No et moi » c’est l’histoire de deux destins qui ne se ressemblent pas en apparence mais qui se croisent.


D’un côté, vous avez la narratrice : Lou, jeune fille de treize ans, dotée d’un haut potentiel intellectuel, qui souffre du vide et du manque.


Elle s’interroge sans cesse sur la société qui l’entoure. Esprit brouillon et organisé à la fois, la lire est un délice de mots et de pensées.


Elle nous livre au présent ses ressentis et son histoire familiale avec transparence et candeur, ce qui n’enlève rien, bien au contraire, à la violence de la situation dans laquelle elle se trouve : vivre avec le deuil et la dépression de sa mère.


De plus, sa particularité intellectuelle lui permet de dépeindre avec franchise et honnêteté le monde avec toute sa beauté et ses mystères.


Tandis que nous, lecteurs, découvrons que ses yeux d’enfant précoce sont bien plus pertinents que beaucoup d’autres, y compris ceux des adultes qui l’entourent mais qui souffrent trop pour l’accompagner dans cette transition psychique, émotionnelle et physique qu’est le passage à l’âge adulte.


Et puis, elle va faire la rencontre de No, diminutif de Nolwenn.


Jeune femme sans domicile fixe, sauvage et rebelle. Terre à terre et difficile à décrire, c’est à croire qu’on ne peut ni la croiser, ni la vivre uniquement à l’instant t.


En fait, on ne peut rien prédire la concernant. Son passé n’est pas clair et son avenir semble incertain. No, tel un mirage, est éphémère et c’est ce qui fait son charme autant que sa vulnérabilité.


Alors voilà, à l’instar de Lou, je crois que tous les lecteurs aimeraient voler à son secours… Mais sommes-nous réellement prêts à bousculer notre routine et notre confort pour aider notre prochain ? C’est sur ce point que l’auteure nous interroge à travers ces lignes.