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  • Photo du rédacteurPascal Francois

Cette nuit-là - de Victoria Hislop


Dans ma chronique du 8 juin sur « l’ile des Oubliés » de Victoria Hislop (voir la chronique), je vous annonçais que l’auteure venait d’écrire une suite à ce Best-seller de 2012 (+ de 6.000.000 de lecteurs à travers le monde) et que nous en ferions une chronique.


Paru au mois de mai de cette année, « Cette nuit-là » poursuit l’aventure des différents personnages de l’ile des oubliés : Maria, Anna, Giorgos, Andréas, Manolis, Fotini, Eleftheria…


A l’attention de tous les lecteurs : il est indispensable d’avoir lu « l’ile des oubliés » pour se plonger dans « Cette nuit-là ». Si les deux histoires sont assez différentes, les personnages centraux sont les mêmes et connaître leur passé est indispensable. L’idéal : faire de la Saga « l’ile des oubliés » et « Cette nuit-là » vos deux livres de l’été si vous ne les avez pas encore choisi dans nos Book List (voir les Book List) !



1957, la médecine a progressé et la lèpre se soigne ! La léproserie de Spinalonga ferme et ses habitants vont enfin redevenir libres. Une fête est prévue à Plaka pour célébrer ce retour à la vie normale de tous ceux que la maladie avait condamné à cet exil forcé sur l’ile.


Ce devrait être la fête pour tout le monde, des familles vont se retrouver après tant d’années de séparation. Pourtant Anna, marié à Andréas, ayant pour amant Manolis, vit mal le retour de sa sœur Maria, exilée depuis 20 ans à Spinalonga. Elle se souvient que son amant était à l’époque le fiancé de Maria et elle a peur de le perdre.


Lorsqu’il découvre l’infidélité de son épouse, Andréas Vandoulakis, l’héritier d’une grande famille crétoise terrienne, ne supporte pas la situation. Pendant la soirée de fête, il assassine sa femme. La fête se termine en drame pour la communauté de Plaka et fait voler en éclat une famille, brise des vies.


Manolis quitte l’ile pour la Grèce continentale pour oublier et tenter de se reconstruire. Andréas est condamné à la prison à vie pour le meurtre de sa femme. Sofia, la petite fille d’Anna et Andréas est orpheline. Maria et son mari la recueillent et assurent son éducation avec une tendresse infinie. Certains ne pardonnent pas le geste fou d’Andréas, mais Maria est sur le chemin du pardon. Elle veut comprendre. Elle se rend régulièrement à la prison pour voir son ex-beau-frère…


Le livre tourne autour de ces 3 personnages centraux que sont Maria, Manolis, et Andréas. Trois personnes aux destins brisés par la vie et qui cherchent, par des chemins différents, à accéder à la rédemption.


La construction et la progression de Manolis dans son acceptation du deuil est remarquable. Il a fait une croix toute vie sentimentale. Les descriptions de l’auteure dans sa nouvelle vie au Pirée sont visuelles, sensitives et nous font pleinement partager le chemin parcouru.


Maria, elle, rend visite régulièrement à Andreas en prison. Son pardon est la voie qui ouvre à Andréas le chemin de la foi, son chemin de croix.


La résilience, le pardon, l’abnégation, l'amour et l'amitié sont au cœur de ce roman. Et c'est toujours avec la même passion, le même amour, la même attirance que l'auteur nous parle de la Grèce, de la Crète, de ses origines helléniques. Cette ambiance méditerranéenne fait partie intégrante du roman et c'est avec beaucoup de plaisir qu'on les retrouve dans ce deuxième "opus".


Toutefois, on n'y retrouve pas la même ferveur et la même curiosité que dans le premier.


« L’ile des oubliés » avait pour thème la lèpre, cette maladie honteuse, et les conditions de vie des malades dans la Grèce de la première moitié du XX° siècle. C’était un roman humain, sociétal, historique et bouleversant. On découvrait les personnages, on s’identifiait à eux.


« Cette nuit-là » nous emmène dans ce même décor théâtral et somptueux qu’est la Crète mais pour traiter d’un sujet intemporel, le drame familial et ses effets collatéraux sur celles et ceux qui en sont les victimes. Chacun trouve son chemin, sa voie, selon sa force et sa capacité à rebondir.


Il y manque cependant un peu d’épaisseur, notamment sur Maria. Comment a-t-elle vécu toutes ces années à Spinalonga ? Comment vit-elle son retour dans le monde ? Qu’est ce qui la pousse à tant de compassion envers Andréas ? Des sujets plus effleurés qu’approfondis et que l'on aurait pourtant aimé découvrir.


Le livre reste cependant plaisant à lire. Il vient terminer une histoire commencer près de 30 ans plus tôt. C’est une boucle qui se ferme, mais une suite dix ans après est probablement un espace-temps trop long.


Pascal François


Cette nuit-là – Victoria Hislop – éditions Les escales – 05/2021 – 304 pages


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