Maria Adolfsson nous offre un premier roman venant du Nord ! Un polar nordique, comme on les aime, mystérieux, qui mêle une enquête complexe entrecroisée avec une obscure histoire de hippies revenants du passé.
Mais ce roman est-il à la hauteur de ses confrères ? C’est ce que nous allons voir ici.
Nous rencontrons, dès les premières lignes, Karen, une enquêtrice très douée d’une cinquantaine d’années. On la retrouve au lendemain de la fête d’Oïstra, la fête de l’huître de l’archipel de Doggerland. Une soirée incontournable de l’île qui se déroule chaque année et où les habitants sont tous conviés et où chacun se retrouve dans la joie, l’amusement et surtout l’ivresse.
Karen se réveille au petit matin dans un hôtel de la ville avec une sévère gueule de bois et un homme dans son lit. À son plus grand regret, cet homme n’est autre que son supérieur avec qui les relations ont toujours été catastrophiques. Elle se faufile tant bien que mal en dehors de la chambre et fuit cette situation le plus vite possible.
Au même moment, on découvre le corps d’une femme qui gît chez elle, massacrée à coups de tisonnier. Et cette personne n’est autre que l’ex-femme du chef de la police Doggerlandaise, le supérieur de Karen avec qui elle vient de passer la nuit.
L’enquête va alors commencer. Comment démêler le vrai du faux entre tous ces protagonistes qui sont liés d’une manière ou d’une autre ? En parallèle, on se retrouve quarante années plus tôt, pour découvrir un groupe de hippies qui débarquent sur l’île. On apprend à les connaître et petit à petit des questions apparaissent ainsi que des réponses inattendues.
Le personnage de Karen est très puissant dans le roman. En effet, c’est une femme de caractère qui sort des codes habituels. Elle est tenace et se bat pour sa place au sein du poste de police. Cela nous ouvre les portes d’une réflexion sur sa condition de femme policière, sur son parcours au milieu des conflits et de ses collègues masculins aux caractères difficiles à vivre.
Elle bataille donc au quotidien contre les comportements misogynes de ses collègues mais également contre ses propres conflits internes dont elle ne parle à personne. En effet, un tragique accident a marqué son passé et continu de la hanter au quotidien. Tout cela combiné créé un personnage haut en couleur qui n’a peur de rien et qui ne compte pas abandonner son enquête avant d’avoir trouvé le coupable. Que celui-ci soit son supérieur ou non ne la détournera pas de son objectif.
La force de Maria Adolfsson et de son roman est la précision avec laquelle elle nous présente son île. Un lieu tout à fait fictif mais qui dévoile au fur et à mesure tous les aspects idéaux pour cacher un meurtre et tous les mystères qu’une société secrète peut avoir. L’auteur nous décrit donc l’archipel de Doggerland situé à l’Ouest du Danemark et composé de trois îles distinctes. L’île de Heimö, de Noorö et de Frisel. L’enquête se déroulera notamment sur l’île de Heimö, île principale de l’archipel. Toutes ces précisions créées pour le lecteur nous impliquent bien plus dans le récit et génèrent un univers entier, réaliste et dont la situation insulaire ne fait qu’agrandir ce sentiment d’oppression.
Cela fera la force des prochains tomes de cette série qui commence sur les chapeaux de roues.
Le style d’écriture de l’auteur est fluide et rythmé tout en prenant le temps nécessaire pour les descriptions et la création de l’univers. On s’attache assez aux différents personnages qui croisent la route de Karen et l’auteur n’a pas peur de voir souffrir ses protagonistes, ce qui inspire au lecteur beaucoup d’empathie et par conséquent beaucoup d’affection, de tendresse ou même d’angoisse pour ces derniers.
Avec l’énorme succès de ce premier tome, nous attendons la suite des aventures et futures enquêtes des policiers de Doggerland ! Prévue pour la fin de l’année, nous retournerons avec beaucoup de plaisir sur cet archipel mystérieux !
En tant que lectrice assidue de thrillers et autres romans noirs aux limites du surnaturel, j’ai beaucoup apprécié ce roman et son univers insulaire. Au-delà de quelques longueurs et quelques énigmes un peu farfelues, nous sommes happés par le roman et l’on s’attache fortement aux personnages dans la seconde moitié du roman qui est tout en accélération et en résolutions. J’ai aimé l’univers que nous a présenté Maria Adolfsson et sa facilité à nous mener par le bout du nez dans ses enquêtes. C’est un bon roman de détente qui se lit rapidement et qui nous dépayse totalement.
Vivement octobre prochain pour une suite !
Pauline Julou
Faux pas - Doggerland - Maria Adolfsson - Denoël - 08/2019 - 528 pages
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