Avec l’île des oubliés, Victoria Hislop, auteure britannique aux ascendances grecques, a écrit un roman tiré d'un fait réel : l'existence sur l'île de Spinalonga, en Crète, d'une léproserie qui a accueilli la population atteinte de cette maladie de 1904 à 1957.
En effet, face à la ville de Plaka, au milieu des eaux turquoises, se dresse l'île de Spinalonga qui fut la dernière léproserie d'Europe. Cette île d'aspect paradisiaque servit autrefois à parquer les malades de la lèpre, éloignés des regards et de la vindicte populaire.
L’auteure a écrit une suite à ce Best-seller mondial, (+ de 6 millions de lecteurs). Je vous donne rendez-vous le Mardi 22 Juin sur le Blog, pour lire la chronique de la suite de l’ile des Oubliés, paru en Mai 2021 "Cette Nuit là ’ !
L’Île des Oubliés débute en 2001. A vingt-cinq ans, Alexis est une jeune femme, emplie de doutes et de questions par sur sa vie. Indécise quant à l'avenir de son couple, son histoire d'amour avec Ed, commencée il y a cinq ans, peine à trouver un nouveau souffle et se délite de plus en plus. Elle sent qu'elle a besoin de faire une pause, de faire le point, de regarder en arrière pour mieux aller de l'avant. Elle éprouve la nécessité de connaître et comprendre son passé familial trouble et secret…
Quant au voile qui enveloppe le passé de sa mère, Alexis a toujours été confrontée au silence de celle-ci, silence qui se fait chaque jour plus pesant, l'empêchant de se construire… Car en définitive, il lui faut bien admettre qu'elle ignore tout de l'histoire de sa famille, particulièrement celle de sa propre mère. "Alexis n'avait qu'un seul indice du passé de sa mère : une photo de mariage décolorée…’’
La jeune femme décide de se rendre à Plaka, un petit village au nord de la Crète, qui a vu naître sa mère et en face duquel se trouve Spinalonga, une île connue pour avoir été le refuge d'une colonie de lépreux durant la première moitié du XXème siècle. A Plaka, elle va rencontrer Fotini, une femme âgée qui va lui donner la clef de ses origines en lui contant l'histoire de ses ancêtres, de son arrière-grand-mère atteinte de la lèpre et envoyée sur Spinalonga jusqu'à sa mère, qui a vécue dans le déni et la honte de ce passé familial.
Mais les découvertes qu'elle va faire aux côtés de Fotini, vont bien au-delà de tout ce qu'elle aurait pu imaginer…
Car l’histoire nous propulse rapidement à la fin des années 30, aux côtés d'Eleni Petrakis, la grand-mère de la jeune femme, au moment où elle découvre qu'elle est atteinte de la lèpre et qu'elle doit quitter son mari et ses deux filles pour aller vivre sur Spinalonga. Loin d'être un mouroir pour malade, la petite île se révèle être un surprenant lieu de vie, plein de charme et de couleurs, dans lequel s'organise une véritable société.
Et l'on découvre parfois "l'héroïsme derrière l'humiliation, la passion derrière la perfidie, l'amour derrière la lèpre."
Victoria Hislop brosse un portrait étonnamment lumineux de cette communauté qui, en dépit du fléau qui la touche et de son isolement, semble vivre presque normalement. Le récit alterne donc entre Plaka, où grandissent la douce Maria et sa sœur Anna et Spinalonga où se trouve leur mère.
A travers l'histoire de ces trois femmes, c'est vingt ans de l'histoire de la Crète que l'on explore mais aussi le combat et la victoire des chercheurs contre une maladie vieille de plusieurs milliers d'années !
L’île des Oubliés est une belle saga familiale comme je les aime, avec des personnages forts et attachants, des deuils, des mensonges, des trahisons, des rancunes et surtout…de l'amour ! Une histoire empreinte de mystères et de rebondissements dans un décor propice aux drames et aux tragédies.
C’est aussi le roman de la quête des origines pour se construire, de la pugnacité à vivre quelques soient les circonstances de la vie, c’est un plaidoyer contre l’intolérance et l’exclusion. Une belle lecture estivale que je recommande, sans oublier sa suite ‘’Cette Nuit là ’’ dont je vous parlerai dans 15 jours.
Pascal Francois
L’ile des Oubliés – Victoria Hislop – Éditions Les Escales – 05/2012 – 432 pages
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