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  • Photo du rédacteurPascal Francois

L'outrage fait à Sarah Ikker - de Yasmina Khadra


La rencontre littéraire avec Yasmina Khadra a été pour moi, celle d’un coup de cœur. C’était il y a quelques années avec ‘’Ce que le jour doit à la nuit’’, un livre passionnant sur les rapports humains dans les dernières années de l’algérie française. Depuis je lis toujours avec autant de plaisir cet auteur d’origine algérienne, qui ravit le lecteur par ses romans aux thèmes toujours cruciaux : guerre, attentats, mœurs…


L’outrage fait à Sarah Ikker nous conduit à Tanger ou vivent Sarah et Driss, couple heureux que rien ne prédestinait à vivre ensemble. Lui d’origine modeste, issu du rif, est arrivé à ce qu’il est devenu par la volonté, officier de police. Elle, fille de la bonne société, à qui l’on cède beaucoup, belle, obtient très souvent ce qu’elle veut. Et elle voulait Driss…

Mais un jour, de retour de mission de Casablanca, Driss retrouve au milieu de la nuit sa femme nue, ligotée et violée dans leur chambre. Driss n’aura alors de cesse que de retrouver l’auteur du crime. Consumé par la honte, il s’enfonce peu à peu dans une quête qui le murera dans le silence, le conduira de suspect en suspect, l’éloignera progressivement de sa femme, lui fera remettre en cause son couple, jusqu’au dénouement, à la fois surprenant et pourtant si banal.


Le livre de Yasmina Khadra se prête à une double lecture, celle du roman policier où l’on voit Driss remonter peu à peu les indices pour aller jusqu’à la terrible vérité. Mais ce livre est avant tout une critique à peine voilée de la bonne société marocaine avec ses faux-semblants, ou l’apparence est reine, avec ses mensonges et ses trahisons, ses rapports de pouvoir, sa corruption, son code d’honneur et de déshonneur, et bien sur la place d’une femme dans une société musulmane. On est loin ici des belles plages de Tanger, des animations de la place Jemma el Fna de Marrakech, des palais royaux marocains, d’un Maroc touristique et accueillant.


Car si l’enquête est bien menée, sans pour cela être du plus haut suspense, l’intérêt du livre, comme dans tous ceux de Yasmina Khadra, porte sur la fresque sociétale esquissée. L’auteur excelle dans l’art de peindre et dépeindre, l’invisible d’une société pour en faire ressortir ses travers.


Comme toujours l’écriture de Yasmina Khadra est légère et nerveuse à la fois, facile à lire et haletante, emmenant le lecteur toujours plus loin, faisant naitre cette indicible envie de ne quitter le livre qu’après l’avoir fini.


Alors n’hésitez pas, la rencontre avec Driss, Sarah, … et Yasmina Khadra saura vous offrir un beau moment d’évasion. Embarquez sans hésiter, cela vaut le voyage ! Bonne lecture



Aux éditions Julliard – mai 2019 - 288 pages



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