Lovoxyl est un court roman (233 pages) qui aborde une idée intéressante : et si existait la pilule magique – le Lovoxyl – capable de nous rendre amoureux fou de son partenaire pour toujours, comme au premier jour ?
Effectivement, une telle innovation, une sorte de viagra améliorée, ne serait pas impossible. Et il est souvent cruel de redescendre de son petit nuage en amour et de se rendre compte que l’autre a des défauts. Comme l’a bien résumé Frédéric Beigbeder, « l’amour dure trois ans », et les cœurs d’artichauts peuvent certainement le regretter. Dans ce roman donc, pour des particuliers suffisamment riches et indifférents aux effets secondaires, l’amour peut durer toujours. Le roman met donc en scène deux jeunes gens aisés, Jasper, le héros, et Héloïse, qui, après cinq ans de passion, décident d’arrêter leur pilule pour faire un bébé (attention, danger pour le fœtus).
Jusque là, le roman est assez clair. Certes, il est essentiellement composé de « photographies » maintes fois vus dans les séries TV, comme la scène où les amants, de nuit, s’introduisent dans une piscine privée pour abriter leurs ébats (« je n’irais pas jusqu’à dire que mon érection fit légèrement monter le niveau de la piscine, mais j’aime à le croire », p 17 : la psychologie masculine est là portée à son maximum...) , mais cependant, le lecteur s’en sort assez bien : le tout est facile à lire et plutôt rapide, voire entraînant.
Mais ensuite, après l’arrêt de la pilule, il est très compliqué de suivre. Les chapitres s’enchaînent avec des retours en arrière, puis des anticipations, et on ne comprend pas sans avoir relu trois fois. La mise en page ne facilite pas la lecture (par exemple chapitre 30 en bas de la fin du chapitre 29).
A la fin, on comprend que les deux héros se sont quittés, mais comment ou pourquoi, mystère. Les stéréotypes restent, eux, présents (la directrice nouvellement nommée très sexy qui a eu le poste car le patron en pince pour elle, et qui attire le héros sevré du lovoxyl), et les personnages secondaires, grossièrement brossés, restent des caricatures (Le conseil du meilleur ami : « baise toutes les filles. Enfin, les filles jeunes et belles » p. 143.)
On peut se demander si le héros, Jasper, n’est pas amoureux de l’amour, et si c’est vraiment Héloïse qu’il aime, ou bien les émotions positives générées par le Lovoxyl. Jasper semble plutôt égoïste, et immature. Il ne s’associe au projet parental de sa compagne que parce qu’il n’a pas le choix, après que le couple a décidé s’ils allaient faire un bébé ou poursuivre le Lovoxyl en jouant un coup de hasard.
Le bébé semble un prétexte pour s’interroger sur les effets de l’arrêt du Lovoxyl. Dès que le couple cesse de prendre le médicament, il n’est plus du tout question du bébé, mais de comment évolue ce couple. Sans dévoiler la fin du roman, cette évolution est banale et stéréotypée : jalousie réciproque, bassesse, anxiété.
Des tentatives de problématiques sont énoncées mais jamais terminées, pourtant le roman aurait pu être intéressant car l’idée de départ était assez bonne.
Isabelle Roux
Un autre point de vue : https://www.babelio.com/livres/Nouail-Lovoxyl/1361730/critiques?tri=dt&fbclid=IwAR0KikxzmZ0KOhnN8vNGiF6ZWEFNBgeQnURabQ4Ug23fGZcNAUq9nx-2VgE
Je n ai pas du tout eu la même lecture de ce roman que vous . Cette fable amoureuse m‘ a beaucoup plu justement par les caricatures qu elle comportait , cette question recurrrente de la possibilité de faire durer l’amour au delà de la passion et de l.énergie à déployer pour la faire durer .
Alors si une petite pilule était capable de ça , ne serait ce pas simplement magique , pour satisfaire les amoureux de l amour ? après avoir lu ce livre si divertissant en moins d un we , je l ai conseillé et offert à nombre de mes amis , qui ont eu beaucoup de plaisir à s y plonger !
Cher Karl,
Je ne suis pas critique littéraire, je n’évolue pas dans le monde de l’édition, c’est pourquoi je ne me permets quasiment jamais de laisser un commentaire sur la qualité de mes lectures. Mais je trouve le commentaire laissé par Mme ROUX bien injuste et je me permets donc de vous apporter mon humble avis de lecteur lambda.
J’ai lu le livre, je me suis bien amusé. Je n’avais pas envie de quitter ma lecture. C’est souvent, essentiellement ce que j’attends de mes lectures. Je ne suis pas d’accord avec Mme ROUX en ce qui concerne le jugement "caricatural" des personnages. Depuis quelques dizaines d’années, j’ai œuvré dans quelques entreprises, petites ou grands groupes et j’y ai rencontré des…
Cher Karl, je n'ai pas encore lu votre ouvrage. J'ai lu le commentaire d'Isabelle. Il est très difficile de commenter le genre de votre ouvrage ( j'ai commenté de nombreuses années pour parutions.com) car en fait on ne connaît pas le degré d'humour de l'auteur et je comprends la réaction d'Isabelle. Je voyais toujours le côté humoristique du roman et imaginais que l'auteur s'était bien amusé. J'espère que vous aurez du succès.
Chère Isabelle Roux,
J’ai toujours su qu’il était risqué, voire périlleux, de pratiquer le second degré dans le monde de l’entreprise. Mais pas avec la littérature, le lieu parfait pour abriter l’ironie. Certes tout dépend du lecteur. Et ici, visiblement, vous avez tout pris au pied de la lettre. A commencer par la piscine, qui est évidemment une blague que je pensais évidente... (aurais-je dû ajouter un émoji ?). Vous n’aimez pas le personnage, mais il ne s’aime pas lui-même. Il n’est pas positif. Et effectivement, il n’est pas réellement amoureux, il adore les conséquences de cet amour (vous arrivez à cette conclusion avec une sorte d’agacement). Le personnage se doit-il d’être appréciable comme dans un feel-good book ? Les…