Yasunari Kawabata entre dans la littérature avec ce roman Pays de neige, dont le succès fut immédiat. L’auteur est à la recherche permanente du beau et de la solitude et cela marque de son empreinte ce roman onirique et poétique. Le roman a été publié une première fois en 1935, puis sera enrichi plusieurs fois pour être publié dans une version finale en 1947.
En France, son succès est a noté puisqu’il remporte le Prix du Meilleur Livre étranger en 1961.
Nous nous trouvons aux confins du Japon, au bout d’un tunnel, où le réel et l’irréel se frôlent et dansent ensemble. Shimamura, un homme marié vivant à Tokyo, vient se ressourcer dans une station thermale (onsen) reculée de ce pays de neige. Durant son premier voyage, il se laisse charmer par la beauté d’une jeune passagère qui prend soin d’un homme qui semble être son mari. Elle fait preuve de beaucoup de bienveillance et d’abnégation aux yeux de notre protagoniste. Il l’observe pendant tout le voyage tout en se laissant bercer par ses rêveries.
Arrivé à la station, Shimamura fait la rencontre de Komako, une jeune future geisha avec qui il se lie d’amitié. La jeune fille semble heureuse, enjouée mais cache au fond d’elle une certaine tristesse qui apparait parfois au cours de leurs nombreuses échanges.
L’histoire du roman se situe ici, entre les allers et les retours de Shimamura, entre Tokyo et la petite station. Ses nombreuses conversations avec ces deux femmes, les liens qui naissent, qui se font et se défont. L’auteur prend soin de laisser le lecteur dans un monde merveilleux de descriptions oniriques et d’envoûtements. Shimamura vivant entre deux villes, fasciné par ses deux femmes aux caractères diamétralement opposés, sera baladé entre l’une et l’autre dans cet univers merveilleux.
La neige étant un élément prédominant du roman, elle change l’aspect de tout paysage que l’on rencontre et en change également toutes les sonorités, tout devient plus sourd, plus caché, plus poétique. Cependant l’apparente pureté représentée par la neige est sans cesse interrompue par des événements déroutant le héros de sa rêverie.
« Pourquoi risquer de se heurter à des réalisations décevantes, affronter le ballet concrétisé en spectacle, alors que son imagination lui offrait le spectacle incomparable et infini de la danse rêvée ? Il jouissait inépuisablement de délices insurpassables à l’instar de l’amant idéal, cet amoureux sublime et platonique qui n’a jamais rencontré l’objet de sa flamme. »
Cette citation représente Shimamura dans toutes ses contemplations et méditations. L’imagination et l’illusion sont les maîtres mots de l’œuvre.
Chaque description du roman est pensée pour être parfaitement à l’image de ce qu’elle représente. Chaque lumière, chaque point de vue, chaque arbre, feuille, brise, ou rictus sur le doux visage d’une geisha est réfléchi, décrit et magnifié. L’auteur prend soin de son lecteur et de la vision onirique qu’il présente, la virtuosité de chaque élément amplifie la beauté du texte.
Je conseille ce roman aux lecteurs férus de poésie et de contemplations merveilleuses. Le rythme est assez lent et l'on peut prendre le temps de découvrir ce lieu du bout du monde.
Pauline Julou
Pays de Neige - Yasunari Kawabata - Livre de poche
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