Pascal Francois
Pierre Martial, écrivain, journaliste... et Militant ! - interviewé par Pascal Francois

Bonjour Pierre Martial, avant de vous interviewer, laissez-moi vous présenter en quelques mots. Bien sûr vous pourrez compléter. Ancien journaliste, entre autres pour Libération, vous êtes aujourd'hui journaliste indépendant, écrivain et j’ajouterai militant. Car vous avez l’âme d’un militant. Vous militez pour l’humain et sa dignité, pour la cause du livre, pour qu’il soit partout, accessible au plus grand nombre.
Vous êtes suivi par plusieurs dizaines de milliers de passionnées et passionnés des livres sur votre site pierremartial.com et sur les réseaux sociaux comme Facebook.
APDL : vous avez commencé votre vie d’adulte par un voyage de 7 ans à travers la France, l’Espagne, l'Italie, la Bulgarie et plusieurs autres pays. C’est original comme démarche. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure ?
PM : A l'époque, j'étais très influencé par des écrivains comme Jack London, Kerouac, Albert Londres et Émile Zola. J'étais déjà passionné par l'écriture. J'écrivais partout et sans cesse. Sur tout et n'importe quoi.
Je me souviens avoir écrit mon premier "livre" à l'âge de 9 ans ! C'était une sorte de roman d'aventure improbable, avec des tunnels secrets, une orpheline à sauver et nombre de rebondissements très abracadabrantesques mais dont je n'étais pas peu fier.
Je l'ai envoyé à Gallimard mais comme c'était écrit au crayon à papier, tout gribouillé et sur un cahier pré-ligné, ils n'ont pas dû le lire et sont ainsi passé à côté de l'œuvre du siècle ! Ce qui ne m'a pas découragé pour autant ! J'ai continué goulument à lire et frénétiquement à écrire.
Je ne voudrais pas avoir l'air de me vanter mais je tiens néanmoins à rappeler qu'à l'âge de 7 ans, après avoir rédigé, sur concours, un article fulgurant et définitif sur la marchande de bonbons qui officiait près de mon école, on m'a décerné le titre de "grand reporter du journal de Mickey". Avec carte barrée tricolore et tout le tintouin ! On devait être plus de 10.000 dans ce cas, mais tout de même !
Tout cela pour dire que je ne me suis jamais imaginé, d'aussi loin que je me souvienne, sans écrire.
Et pour écrire, il faut vivre, connaitre, découvrir, arpenter la vie et se promener dans les esprits, sortir des sentiers battus, se glisser à travers les failles de la vie normale, réglée et régimentée pour aller découvrir... d'autres mondes !
C'est du moins ce que je pensais à 17 ans et j'ai alors décidé de tout quitter, famille et amis, avenir et normalité, pour partir à l'aventure, "faire la route", sans un sou ni objectif précis, peu importait les destinations et les pays, c'était l'humain que je voulais découvrir, la vie à mordre à pleines dents et la Liberté avec un L majuscule.
London, Kerouac, Londres et Zola furent mes guides pour cette "cavale humaine" qui devait durer un peu plus de sept années et qui a contribué à construire l'humain que je suis devenu.

APDL : Le journalisme c’est avant tout apporter une information objective, vérifiée et claire au lecteur. Vous m’avez dit chercher à donner une dimension littéraire à vos articles lorsque vous en écriviez. Pourquoi avez-vous eu cette démarche particulière ?
PM : vous le dites fort bien, être journaliste, et journaliste de terrain, c'est avant tout témoigner le plus exactement et objectivement possible. Sur des faits, des situations, des personnes. Mais c'est aussi faire ressentir des ambiances, des sentiments, des émotions.En disant cela, je pense à mes "maitres" en journalisme que furent Joseph Kessel et Hemingway.
Si le journaliste est tenu à un calibrage (nombre de signes de son article) et à une "catégorie" (portrait, reportage, chronique, brève, etc.), il n'est pas forcément obligé de se cantonner à l'écriture journalistique habituelle, qui à ses méthodes, ses tics et sa sécheresse de style)
Il peut, s'il en a envie et s'il s'y complait, apporter une dimension stylistique ou "littéraire" à ses écrits. Y placer de l'humour. De l'émotion. Il peut, un tant soit peu, jouer avec les mots et les phrases. Les rendre plus rondes, plus moelleuses, plus émouvantes...
C'était, entre autres, et pour le citer parce que je l'ai souvent côtoyé à Libération le cas de Sorj Chalandon, qui est devenu par la suite le talentueux écrivain que l'on sait. Il a toujours eu ce talent d'écrire "littérairement" tous ses articles.
Nous étions nombreuses et nombreux, au journal, à nous régaler de les lire, quel qu'en soit le sujet.
C'est ce que j'ai aussi essayé de faire, à ma place et selon mes moyens, et que je continue à faire dans mes articles et chroniques sur mon site et sur ma page Facebook, entre autres.
APDL : Vous m’avez dit qu’être journaliste c’était écrire