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  • Photo du rédacteurPascal Francois

Le Passeur - de Stéphanie Coste - Prix 2021 de la Closerie des Lilas & 1er roman !


J’avais repéré le livre de Stéphanie Coste au moment de sa sortie chez Gallimard en janvier dernier, me disant que ce serait probablement un livre à lire car j’ai une affection particulière pour les premiers romans.


C'est une des spécialités de la collection blanche de cette maison d'éditions que de trouver de jeunes auteurs talentueux. Et quand j’ai vu qu’il était dans les présélections pour un prix littéraire, là je n’ai plus hésité un instant.


Cela tombe bien puisque « Le Passeur » de Stéphanie Coste est le lauréat 2021 du Prix de la Closerie des Lilas.


Dans le landerneau des prix littéraires, celui-ci, encore récent, il est né en 2007, a pour caractéristique d’être 100% féminin. Le jury n’est composé que de femmes, et le prix est obligatoirement décerné à une femme !


Mais revenons à Stéphanie Coste et son livre « Le Passeur ». Le livre vient nous rappeler la triste réalité des migrants qui traversent la Méditerranée dans des conditions effroyables pour fuir leur pays et espérer trouver en Europe un havre de paix.


Stéphanie Coste frappe fort, et sans doute son enfance africaine, elle a vécu à Djibouti et au Sénégal, l’a prédestinée à évoquer le sujet. Elle ne se place du côté de victimes mais de celui du bourreau, pour mieux marquer les esprits sur le sordide de la situation, et éviter le misérabilisme habituel auquel la Presse nous habitue sur le sujet.


« Le Passeur » c'est Seyoum, un homme qui a fait le choix d’être trafiquant de l’humanité, vendeur de rêves, ou plutôt de misère. Il est l’expression humaine de la honte humaine, de la honte européenne, absente face à cette aberration de l’humanité, une de plus… Mais Seyoum n’est pas devenu passeur du jour au lendemain. Seyoum est le symbole de toutes les victimes des guerres africaines. Il a connu l’emprisonnement, la dictature, l’effondrement de son pays. Ses rêves sont derrière lui. Et aujourd’hui il ne lui reste plus que cela à faire. Acheter des bateaux des fortune pour y vendre à prix d’or à de pauvres bougres l’espoir d’un monde meilleur… Comme si cela pouvait être une revanche sur la vie !


Comment peut-on en arriver là ? C’est aussi la réflexion que mène Stéphanie Coste dans son livre pour expliquer les ressorts profonds qui peuvent transformer un homme en brute sans scrupule. Mais nous le savons tous, l’histoire ne fait que se répéter.

Le livre évoque aussi la tragédie de la traversée, du départ la nuit des côtes libyennes à l’espoir de voir Lampedusa, la mer qui s’agite et les corps que l’on retrouve au petit matin déversés sur le sable comme de vulgaires morceaux de bois car le bateau de fortune où ces hommes, ces femmes ces enfants ont été entassés n’a pas tenu la mer.


Et le récit de Stéphanie Coste est réaliste, cru, sans fard, pour rappeler une réalité que l’on oublie un peu trop vite avec nos "breaking news". Le livre est court, presque trop, mais le ton narratif employé par l’auteure lui donne d’autant plus de force, de vigueur, comme pour donner au lecteur un bon uppercut.

Ce livre est une arche de Noé, une bouteille à la mer, qui nous est lancée comme est lancé un boomerang. Il revient d’où il est parti. Et où revient -il ?


Pas en Afrique, là où règnent la pauvreté et la misère, mais là où règne l’opulence, avec cette outrance des pays "d’enfants gâtés" toujours prêts à se plaindre, mais qui surtout ne regardent pas trop loin, pour ne pas être dérangés.


Ce livre puissant et terriblement bien écrit nous lance une question : Combien de temps encore laisserons nous faire l’inacceptable ? Je ne crois pas que la réponse soit dans ce roman, mais il est un témoignage pour que quelque part dans notre conscience une petite lumière reste allumée et nous incite à agir.


Bonne Lecture


Aux éditions Gallimard – 01/2021 -136 pages



















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